Dans la casse où le temps s'endort,
Deux Dauphine rêvent encore.
Rouges de rouille et de nostalgie,
Elles gardent l'ombre d'un autre âge.
L'une, penchée, semble chuchoter
Des histoires de routes d'été,
Où le vent dans ses cheveux de tôle,
Dansait libre, sans aucune parole.
L'autre, plus droite, fière et muette,
Porte en son flanc la trace discrète
D'un accident, d'un jour de pluie,
Où la vie s'est brisée en un éclair qui fuit.
Ensemble, elles attendent, immobiles,
Que le soleil caresse leur carcasse fébrile
Carcasses, témoins d'un temps révolu,
Où elles filaient, libres et nues.
La casse est leur dernier refuge,
Un cimetière de rêves en recluse.
Mais dans leurs cœurs de métal froid,
Bat encore l'espoir d'une autre voie.
