C’est vrai que très peu de temps après, de mémoire 3 mois, la SNCF a mis fin définitivement à l’auto-train.
J’ai eu de la chance, tout s’est très bien passé, la voiture n’a pas été abîmée et je n’ai eu qu’à féliciter mon épouse pour son idée.
Oui, 2 ans pour concevoir mon tableau de bord. L’idée de départ était de se démarquer en ne montant pas un tableau de bord de R8G d’abord pour une question de coût, ensuite parce que ma R8 n’étant pas une Gordini, autant faire un tableau de bord perso pour ne pas donner l’impression de plagier et ensuite par goût du challenge technique.
Sur ce dernier point, je n’allais pas être déçu du biscuit…
J’ai donc commencé par chercher un tableau de bord de R8 normale nu que j’ai trouvé chez Web Pièces Rétro, spécialiste 4CV très renommé et très compétent, malheureusement pour nous aujourd’hui en retraite. Je dis « malheureusement pour nous » car il débordait volontiers du périmètre 4CV et pouvait faire des pièces ou des montages pour R8 de très bonne qualité. J’étais allé lui rendre visite dans le garage minuscule de son pavillon à Suresnes et prendre possession du tableau de bord.
Une feuille d’alu de 2 mm a ensuite été découpée au contour de ce tableau de bord, fixée provisoirement par quelques rivets pop de 2 mm de diamètre, positionnés afin qu’ils soient masqués par le bandeau supérieur et les deux bandeaux inférieurs.
C’était déjà une - très - bonne chose de faite !
La découpe des bouches d’aération n’a été qu’une formalité, ainsi que la boîte à gants et le contour de cendrier. Pas de risque d’erreur car nous sommes « tenus » par l’existant.
C’est ensuite que cela allait se compliquer.
Il a fallu déterminer les instruments qui allaient orner le tableau de bord : sans aucune hésitation, du Jaeger ! Tachymètre et compte-tours en 100 mm, les autres instruments en 52 mm.
Ouverture de la chasse aux instruments Jaeger sur Le Leboncoin et… premières erreurs ! Il existe deux types de cerclages sur les Jaeger
(fin et épais) et évidemment, je vais me prendre les pieds dans le tapis ! Tant pis ! La mise en cohérence sera pour plus tard, pour une question budgétaire bien sûr parce que cela commence à monter
(dans les tours… ! humour)
Quoique ! En 1999, je me souviens me baladant un dimanche dans une brocante ménagère lorsque j’avise un compte-tours Jaeger 7000 tours 100 mm en parfait état, l’appareil me tape dans l’œil… et au portefeuille : 20.00 francs (3.00 €… !). Je l’achète pour la beauté de la pièce et le range dans mon stock. Je ne savais pas que c’était un R8S car rappelez-vous, à l’époque je n’avais plus de R8… Quel ne fut pas mon plaisir, 12 ans plus tard, de le ressortir pour mon futur tableau de bord ?
Donc, j’approvisionne un par un les instruments, pas simple et long.
Parallèlement, je commence à esquisser la disposition du futur tableau de bord sur une feuille de papier A3, de nombreuses esquisses à main levée pour arriver à un résultat qui me convienne.
Il a fallu ensuite tracer les futurs instruments sur la feuille d’alu, heureusement protégée par un adhésif sur toute sa longueur. J’avais bien pris soin de mesurer et tracer l’emplacement de la colonne de direction pour obtenir un centrage « parfait » du tachymètre et du compte-tours, sinon cela aurait été horrible avec un décalage par rapport au volant du plus mauvais effet.
Pour ce coup-là, j’avais vu le piège ! Pour le coup d’après, j’allais royalement me prendre les pieds dans le tapis.
En regardant de près des tableau de bord de R8 Gordini, j’avais bien remarqué que le tachymètre et le compte-tours venaient au contact du bandeau inférieur en mousse et bien sûr, je trouvais cela pas beau car décentré horizontalement. Bien décidé à ne pas reproduire la « bêtise des ingénieurs de l’époque chez Renault », je trace les emplacements du tachy et du compte-tours parfaitement centrés tant en vertical par rapport à la colonne de direction qu’en horizontal par rapport à la planche de bord.
Le Maurice, il est content… ! Il comprendra beaucoup plus tard son erreur et la raison pour laquelle les ingénieurs de Renault avaient décalé les deux instruments… malheureusement trop tard !
Traçage des emplacements des instruments de 52 mm, du bouton inverseur des essuie-glace et des petits voyants de couleur et enfin, découpe de la planche d’alu.
Je ne me rappelle plus très bien, mais à ce stade de la fabrication du tableau de bord, il y a déjà eu pas mal de temps passé, cela se compte en mois et nous ne devons pas être très loin des douze mois car je travaille sur le projet de manière intermittente…
Installation
« à blanc » des instruments, de l’entourage chromé de boîte à gants, des aérateurs et ma foi, cela commence à avoir de l’allure !
Commence alors le câblage électrique du tableau de bord : ça va, j’aime bien cela car c’est un travail agréable et on voit l’avancée progressive de son travail.
Arrive enfin le gros morceau, j’ai nommé la dépose du tableau de bord d’origine avec débranchement des consommateurs. Le repérage des cosses prévu initialement se révèle peu pratique à mettre en œuvre car il n’y a pas beaucoup de débattement, très rapidement j’en ai marre : je débranche tout à la sauvage. Il sera toujours temps de « sonner » les cosses une par une pour retrouver plus tard les fonctionnalités.
Présentation du nouveau tableau de bord et en avant pour les branchements : au début, un grand moment de solitude et puis, au fur et à mesure des raccordements, cela va de mieux en mieux… mais quand même, je reconnais que ce n’est pas un « petit travail tranquille », il faut le faire !
Après chaque branchement, j’effectue une vérification : pas de court-circuit, pas de fumée… tout va bien jusqu’au re-branchement du moteur d’essuie-glace : le compte-tours est alors animé de mouvements de va et vient, il semble vouloir sortir du tableau de bord ! Je comprends instantanément pourquoi les ingénieurs de Renault avaient décalé en position basse les deux instruments que sont le compte-tours et le tachymètre : je me suis auto-eu et j’avoue humblement n’avoir pas le courage de tout recommencer ! Tant pis, cela restera comme cela…
tableau de bord posé, les éclairages des instruments fonctionnent, chaque instrument délivre son information : clap de fin !
Conclusion 1 : à peu près deux années de travail, un beau challenge technique doublé de la satisfaction de pouvoir dire « c’est moi qui l’ai fait ! » et un tableau de bord qui ne ressemble à aucun autre, ce qui était le but premier.
Le tout contre-balancé par une palanquée d’erreurs, en vrac : la non-prise en compte
- par ignorance - de l’environnement de la tringlerie du moteur d’EG avec le compte-tours et le tachymètre, l’achat d’instruments de 52 mm avec collerette chromée fine ou épaisse et l’oubli d’installation et de câblage du voyant de charge, ce qui sera gênant pour l’installation future d’un alternateur.
Conclusion 2 : un exercice qui sera à refaire intégralement, plus tard, en tenant compte de l’expérience acquise et des erreurs commises.