Vers le milieu des années 80, le préparateur Richard Dielmann écumait les courses de côte et slaloms au volant d'une BSH antique mais redoutable.
Lors d'un slalom de Colmar dont j'ai oublié l'année, un commissaire technique s'aperçut que le pare-brise de cette voiture était un "Sécurit", et non un "Triplex" (feuilleté) comme le prévoyait le règlement.
Trop heureux de pouvoir faire chuter l'un des ténors du plateau, ce commissaire informa Richard qu'il l'autorisait à participer à la manche d'essais, mais que s'il n'avait pas remplacé l'élément pour les manches de course, il ne serait pas autorisé à se présenter au départ.
Le commissaire vicieux pensait avoir réussi un bon coup, car pour trouver un pare-brise feuilleté de BSH et en effectuer le remplacement, le tout en moins de trois heures, ça semblait mission impossible.
Richard me dit :
- J'en ai bien un sur une épave de BSH, chez moi, mais j'aurai jamais le temps d'y aller !
Il est vrai que sa molle R12 tractrice ne permettait que difficilement cet exploit : nous étions à plus de 180 km aller-retour de chez lui.
Pour ma part, j'étais engagé au volant d'une R5 GT turbo groupe N : cet élément a son importance. Jugez plutôt :
Partant donc parmi les premiers, je pouvais essayer de faire ma manche d'essais, filer ensuite à l'atelier de Richard pour démonter le pare-brise de l'épave, puis revenir et donner un coup de main à le monter.
Je loupais bien-sûr ma première manche de course, mais je pouvais, si tout allait bien, être au départ de la deuxième et ultime manche.
Aussitôt dit, aussitôt fait !
Je sors de ma manche d'essais, j'embarque illico presto notre ami Jacky Kuster qui était toujours dans les bons coups, lui aussi !
Et avec les slicks et numéros sur les portières, nous voilà partis vers le nord de l'Alsace à une allure que la morale réprouve et que le politiquement correct m'interdit de préciser aujourd'hui !
Arrivés à destination, Jacky m'indique l'endroit où était sensée se trouver la BSH : une espèce de hangar ouvert à tout vent et rempli d'un invraisemblable bric-à-brac composé de moteurs huileux, de boîtes grasses, d'une Renault Monaquatre délavée, de carburateurs poussiéreux et incomplets et de tonnes d'autres éléments non identifiés.
Après déplacement du plus encombrant, nous découvrons effectivement sous une bonne couche de poussière ce qui pouvait ressembler à un arrière de BSH.
Avec une patience de spéléologue, nous parvenons à atteindre l'avant de la voiture.
C'est alors que la remarque spontanément naturelle de Jacky me fait comprendre que quelque chose n'allait pas comme prévu :
-Oh bordel de crotte !
En effet, un essaim de guêpes avait élu domicile dans la BSH, le nid se lovant dans une courbe de l'arceau...
Tant pis : armé d'un simple tournevis, Jacky qui a pour habitude de ne jamais douter de rien, entame délicatement le démontage.
Le bourdonnement devient soudain plus intense, et la tension monte d'un cran. Des dizaines de guêpes tournoient autour de nous, mais elles semblent simplement nous surveiller avec méfiance.
Avec des gestes ralentis comme s'il manipulait de la nitroglycérine, Jacky parvient à défaire le précieux élément de la baie.
Nous l'extrayons avec mille précautions du hangar puis nous prenons la fuite sans demander notre reste.
Le retour vers Colmar se fait à la même allure soutenue que l'aller, ce qui nous permet d'arriver quelque minutes avant la deuxième manche des groupe N, où je me présente avec des pneus... à température.
Pendant ce temps, narquois, Richard et Jacky montent le pare-brise de remplacement sous le regard sidéré du commissaire technique.
Richard a même le temps de se laver les mains avant de prendre le départ de sa seconde manche, où il réalise un temps canon et remporte la classe ainsi que, si mes souvenirs sont exacts, le groupe F.
C'était une autre époque...
C'est aussi ce jour-là que j'ai appris que le pare-brise de la BSH était en fait une lunette de hard-top de Floride... et que ça existe en Triplex !
Lors d'un slalom de Colmar dont j'ai oublié l'année, un commissaire technique s'aperçut que le pare-brise de cette voiture était un "Sécurit", et non un "Triplex" (feuilleté) comme le prévoyait le règlement.
Trop heureux de pouvoir faire chuter l'un des ténors du plateau, ce commissaire informa Richard qu'il l'autorisait à participer à la manche d'essais, mais que s'il n'avait pas remplacé l'élément pour les manches de course, il ne serait pas autorisé à se présenter au départ.
Le commissaire vicieux pensait avoir réussi un bon coup, car pour trouver un pare-brise feuilleté de BSH et en effectuer le remplacement, le tout en moins de trois heures, ça semblait mission impossible.
Richard me dit :
- J'en ai bien un sur une épave de BSH, chez moi, mais j'aurai jamais le temps d'y aller !
Il est vrai que sa molle R12 tractrice ne permettait que difficilement cet exploit : nous étions à plus de 180 km aller-retour de chez lui.
Pour ma part, j'étais engagé au volant d'une R5 GT turbo groupe N : cet élément a son importance. Jugez plutôt :
Partant donc parmi les premiers, je pouvais essayer de faire ma manche d'essais, filer ensuite à l'atelier de Richard pour démonter le pare-brise de l'épave, puis revenir et donner un coup de main à le monter.
Je loupais bien-sûr ma première manche de course, mais je pouvais, si tout allait bien, être au départ de la deuxième et ultime manche.
Aussitôt dit, aussitôt fait !
Je sors de ma manche d'essais, j'embarque illico presto notre ami Jacky Kuster qui était toujours dans les bons coups, lui aussi !
Et avec les slicks et numéros sur les portières, nous voilà partis vers le nord de l'Alsace à une allure que la morale réprouve et que le politiquement correct m'interdit de préciser aujourd'hui !
Arrivés à destination, Jacky m'indique l'endroit où était sensée se trouver la BSH : une espèce de hangar ouvert à tout vent et rempli d'un invraisemblable bric-à-brac composé de moteurs huileux, de boîtes grasses, d'une Renault Monaquatre délavée, de carburateurs poussiéreux et incomplets et de tonnes d'autres éléments non identifiés.
Après déplacement du plus encombrant, nous découvrons effectivement sous une bonne couche de poussière ce qui pouvait ressembler à un arrière de BSH.
Avec une patience de spéléologue, nous parvenons à atteindre l'avant de la voiture.
C'est alors que la remarque spontanément naturelle de Jacky me fait comprendre que quelque chose n'allait pas comme prévu :
-Oh bordel de crotte !
En effet, un essaim de guêpes avait élu domicile dans la BSH, le nid se lovant dans une courbe de l'arceau...
Tant pis : armé d'un simple tournevis, Jacky qui a pour habitude de ne jamais douter de rien, entame délicatement le démontage.
Le bourdonnement devient soudain plus intense, et la tension monte d'un cran. Des dizaines de guêpes tournoient autour de nous, mais elles semblent simplement nous surveiller avec méfiance.
Avec des gestes ralentis comme s'il manipulait de la nitroglycérine, Jacky parvient à défaire le précieux élément de la baie.
Nous l'extrayons avec mille précautions du hangar puis nous prenons la fuite sans demander notre reste.
Le retour vers Colmar se fait à la même allure soutenue que l'aller, ce qui nous permet d'arriver quelque minutes avant la deuxième manche des groupe N, où je me présente avec des pneus... à température.
[=]
Pendant ce temps, narquois, Richard et Jacky montent le pare-brise de remplacement sous le regard sidéré du commissaire technique.
Richard a même le temps de se laver les mains avant de prendre le départ de sa seconde manche, où il réalise un temps canon et remporte la classe ainsi que, si mes souvenirs sont exacts, le groupe F.
C'était une autre époque...
C'est aussi ce jour-là que j'ai appris que le pare-brise de la BSH était en fait une lunette de hard-top de Floride... et que ça existe en Triplex !