Mon propos visait simplement à mettre en avant l’absurdité de la situation que nous vivons aujourd’hui avec nos voitures anciennes.
Depuis des décennies, la presse spécialisée en véhicule anciens édite une cotation permettant aux vendeurs et acheteurs de se situer, c’est très bien.
Jusqu’à ce que Nicolas HULOT, alors Ministre de l’Ecologie, fasse sa sortie en 2017 en déclarant la fin des véhicules thermiques en 2035, tout allait bien. Chaque amateur de voiture ancienne avait toute latitude d’investir dans un véhicule avec pour seule question : « que vais-je pouvoir acheter » ? Ce qui permettait de faire « tourner » la roue des transactions de voitures anciennes.
Depuis 2017, un dilemme s’est insidieusement introduit dans notre réflexion, pour chacun d’entre nous.
Pour que mon propos soit ne souffre aucune ambiguïté, je vais prendre un exemple que je connais bien : le mien.
Je « trempe » dans la voiture ancienne depuis 50 ans, j’avais 12 ans lorsque j’ai commencé à gratter la rouille avec une brosse de fer. C’était l’époque insouciante de l’achat de voiture(s) et de leur restauration, la seule question qui se posait
(pour mon père, pas pour moi car j’étais trop jeune) était la limite financière.
Aujourd’hui, j’ai 4 voitures anciennes, toutes sur base Renaulr à moteur Cléon-fonte.
3 ont une « valeur » que je qualifierai de normale et la 4e, par le jeu des diverses cotations, est « montée dans les tours » depuis 2000/2003.
Achetée 11 000.00 € en 1992, elle est « estimée » aujourd’hui entre 60 et 70 k€.
C’est elle qui me pose problème ! Compte tenu de l’incertitude qui plane sur les véhicules thermiques entre aujourd’hui et 2035 et la conjoncture socio-économique de la France (et des français) :
- Si je la vends aujourd’hui, vais-je en tirer 60/70 k€ ? Rien n’est moins sûr !!!
- Question subsidiaire : je la garde, je ne la vends pas : dois-je continuer à investir sur elle ? Nouveau moteur ? Nouvelle BV ? Nouvelle peinture ? Nouvelles roues alu ?
- Hypothèse optimiste, je réussis à la vendre 70k€ et je me mets en tête d’acquérir une R5 T2 (en « remettant au bout », bien sûr) : est-il raisonnable (au sens juridique du « bon père de famille ») d’aller claquer le prix d’une R5 T2 en 2023, avec l’épée de Damoclès de 2035… ? J’en suis de moins en moins sûr… et pire, j’ai des scrupules !
Quant j’évoquais l’interview d’Eric SPETEBROOT et par ricochet, le prix
possible du litre de carburant fossile en 2035, c’était à cette situation ubuesque que je faisais allusion.
Je n’ai pas la solution magique et cela commence à me gâcher
(culpabiliser ?) le plaisir de la voiture ancienne.