Le monde des ventes aux enchères est très réglementé et pour avoir été en relation professionnelle avec lui durant plusieurs années, je peux dire qu’il n’y a pas de mauvaise volonté.
Les commissaires-priseurs et leurs collaborateurs sont des
experts de la vente –
ils ont été formés pour cela et ont passé un examen d’Etat – vous pensez bien qu’ils ne connaissent pas avec précision les voitures qu’ils vendent
(tant une R8 G qu’une Maserati Ghibli ou une Alpine A110 ou une Jaguar Type E), pour cela ils se fient aux experts avec qui ils travaillent et qui réalisent des… expertises et c’est là qu’il peut y avoir une faille, parce que contrairement au monde des commissaires-priseurs, dans le monde des experts « il y a à boire et à manger ».
Sur le FAR, il y a régulièrement des informations concernant des ventes aux enchères à venir qui présentent des Berlinettes qui ont gagné des rallyes du championnat du monde de l’époque, voitures ex-usine au palmarès prestigieux, le tout confirmé par un rapport d’expert (pseudo-expert ?).
Heureusement il y a un membre du FAR qui connait sur le bout des doigts les Berlinettes et qui a eu la possibilité de récupérer les archives de l’usine Alpine et notamment du service compétition.
A chaque fois qu’il y a lieu de le faire, il informe l’étude du commissaire-priseur d’irrégularités ou de contre-vérités dans la présentation de la voiture et il en fait état sur le FAR. Cela n’empêche peut-être pas la voiture d’être présentée aux enchères, mais à minima celui qui veut enchérir (et qui lit le FAR) est informé de la situation.
Pour les Berlinettes, l’avantage est que l’information circule
AVANT la vente. Pour Dominique (Depee), il n’y a malheureusement pas eu cette « barrière » préalable à la vente, la vraie vérité n’est apparue
qu’après.
Il y a deux angles d’analyse face à la situation que subit Dominique.
La première –
celle que je privilégierais si j’étais à sa place – consisterait à entrer en contact avec l’étude pour leur exposer la situation, calmement et sereinement. La grande chance de Dominique est d’avoir eu affaire à une étude (OSENAT) établie depuis plusieurs dizaine années, connue pour son expérience et son sérieux… et qui déteste les problèmes et la contre-publicité.
Il est envisageable de plaider une annulation de la vente et un remboursement intégral, l’étude récupérant la voiture pour le reproposer plus tard aux enchères… avec cette fois-ci une information conforme à la réalité (R1130 et non pas R1135).
Ils peuvent le faire…. sauf si dans le contrat passé entre Dominique et l’étude figure une clause du genre « l’étude ne saurait être tenue pour responsable de… bla bla bla » et encore, comme dit précédemment, ils détestent la contre-publicité.
La seconde consiste à décortiquer la voiture et à mettre en face des pièces structurantes le prix du marché, ainsi :
- Carte grise R1135 et j’imagine les plaques,
- Moteur 812, présenté apparemment comme refait à neuf
- BV 353 à condition que ce soit une vraie et qu’elle soit en très bon état
- Tableau de bord
- Trains roulants AV et AR
- …
Et de faire le calcul, la voiture a été payée tant, les pièces structurantes représentent tant, le différentiel avec le prix payé est d’autant, pour ce « autant », il y a en plus une caisse qui présente pas trop mal (
j’ai néanmoins un doute sur les phares de la calandre, mais peut-être est-ce ma vue ?) mais qui demandera malgré tout des travaux de finition
(cf. compartiment moteur).
Considérant qu’il y a une majorité de R8 Gordini qui roulent en 2023 en toute honnêteté avec une caisse non Gordini (55 ans d’utilisation et d’histoire justifient cette situation), est-ce acceptable ?
Il n’y a que Dominique qui puisse y répondre.